Grenouilles de MO Yan

Publié le par Hélène

Grenouilles de MO Yan
Seuil / 408 pages




Têtard, le narrateur, qui se rêve dramaturge, écrit à un écrivain Japonais qu’il considère comme son maître, pour lui parler de la pièce qu’il envisage d’écrire sur sa tante. Les lettres qui ouvrent les quatre premières parties laissent la place au récit qui dépeint la personnalité à la fois fascinante et terrifiante de la tante, une célèbre gynécologue qui a fait de la mise en place du planning familial sous Mao son cheval de bataille. À travers ce portrait, c’est toute cette période complexe qui défile devant nos yeux, des campagnes d’avortements forcés à la lente libéralisation du régime. Têtard et sa tante vivent dans la région de Gaomi (Shandong) où Mo Yan situe tous ses livres. L’immense fresque que dessine Mo Yan, peu à peu, s’augmente ici d’un formidable chapitre. Le livre se termine sur une cinquième partie,« l’ œuvre » de Têtard, une pièce de théâtre (ou une farce ?) qui passe du combat de la tante aux errements du narrateur et de l’avortement au vol d’enfant, la gestation pour autrui....Mo Yan poursuit ainsi sans faiblir sa recherche de formes littéraires nouvelles. Le thème animalier qui lui est cher se fonde ici sur une homophonie (bien difficile à traduire !) : le titre du livre en Chinois est Wa dont l’idéogramme est celui de la grenouille mais qui évoque aussi, phonétiquement, le cri de la grenouille et les pleurs du bébé, ainsi que Nüwa, personnage féminin légendaire dont le nom est composé de « nu », la femme, et de « wa »...



C'est un roman bien curieux que Grenouilles, pour le lecteur sinophile le trouble est présent dès le titre, dont le mystère nous est expliqué en quatrième de couverture.
Fidèle aux ouvrages précédents de MO Yan, Grenouilles est un livre qui se laisse apprécié au fil de sa lecture. Il y a dans la langue de MO Yan un souffle, une ampleur surprenante. C'est un livre qui se distille à petite dose, un fouillis organisé. C'est au travers d' une succession d'anecdotes, tour à tour triste, gaie, drôle, de personnages tous plus haut en couleurs les uns que les autres que l'on va découvrir l'univers de Tétard. Et par sa vie, l'univers d'une Chine rurale dans une période de bouleversement. Bouleversement, la mise en place de la politique de l'enfant unique du planning familiale, pour ce pays de campagne c'est peu dire. Il faudra bien une femme de la trempe de la tante gynécologue pour faire appliquer, par tous les moyens, les directives de cette politique. MO Yan dénonce sans dénoncer, il laisse au lecteur le lire selon sa sensibilités. J' y ai lu des drames affreux, des histoires troublantes, le tout cachés derrières des situations cocasses et camouflés sous une bonne dose d'humour.
Si j'ai eu un peu de mal à passer les premières pages ce n'était qu' une sensation passagère.
Un très beau portrait, une lecture que conseille à tous ceux qui apprécie ou souhaite découvrir la littérature chinoise.


Il y a de très très nombreuses notes du traducteurs en bas de pages, elles sont toujours bien venues pour nous expliquer jeux de mots, humour et ironie ...etc


4,5/5

 


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De MO Yan, j'ai lu : 

Le maître a de plus en plus d'humour (mon avis)

Le Radis de cristal (mon avis)

Le déluge (mon avis)

Le clan du Shorgo (mon avis)

Grenouilles (ci-dessus)

 


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RL2011b

9/14, chez Hérisson

Je m'attaque au 2% !!!

 


Publié dans Littérature chinoise

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